Sylvie Durbec,
En résidence à la Maison de la Poésie de Rennes

mercredi 6 février 2013

Tunisie et Poésie


Tunisie/poésie

Est-ce que la beauté peut apaiser la colère ?
Cette nuit j’ai remarqué que Tunisie se termine comme poésie, en français.
Oui, et alors ?
Elucubration insomniaque.

La Marsa, janvier 2009

Je ne crois pas que la poésie puisse dire ce que nous avons ressenti hier, quand la mort de Chokri Belaid a été annoncée.
Je ne sais pas dire/écrire/ les sentiments qui m’ont traversée durant la journée.
Et encore ce matin.
Pourtant dehors le matin s’est levé, glacial et rose.
Annonçant le mistral.

Voir ou ne pas voir le Mont Ventoux de sa fenêtre.

Depuis plusieurs jours le vent.

Froid, violent et là-haut, la neige.

A presque 2000 mètres.

Celle dont je rêve, rose et légère au coucher de soleil.

Frissonnante du pas des chevreuils.
De la fenêtre, vent, feuilles en valse, cyprès secoués et l'arbre mort, celui que le voisin irascible a tué.

Mais pas le Mont Ventoux, royal et enneigé, à qui nous tournons le dos.

A un moment de la route que je prends pour revenir à la maison, il surgit, impeccable de blancheur, là-bas, pas très loin en réalité, mais inaccessible.
Fouji Yama du sud, isolé et élégant comme jamais.
Il se tient entre la plaine et la colline et disparaît dès que j'approche de la maison.

Depuis ma fenêtre je ne vois qu’un bout de colline, un toit et de la terre labourée. Quelques arbres et au loin là-bas, la Tunisie. Lorsque l’avion vire, la mer éblouit.
Et les rochers. Quelques îlots. Et puis Tunis.

Algérie, Tunisie.
Deux pays qui sont au cœur.
Alger depuis Marseille. Zohra perdue, jamais revue.
Comme notre jeunesse. Perdue ?
Alors que vient faire la poésie là-dedans ?
Heureusement elle existe comme le Ventoux.
Comme la Tunisie et les îles de Kerkennah.
Se bornant tendrement à finir comme elle, bordée par la mer.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire