Sylvie Durbec,
En résidence à la Maison de la Poésie de Rennes

lundi 26 novembre 2012

L'arbre est toujours mort

cyprès mort à Boulbon


Et nous sommes encore vivants.
Il y a eu la route, de Nantes à La Rochelle, un avant-goût de la Camargue et de ses étangs.
Pas le paysage de l'heimatlos, me suis-je dit.
Rêvant déjà de la côte entre Cancale et la plage des Touesses, des plages blondes et des traces sur le sable.
Sans oublier la côté de granit rose, à venir.
palmier à La Rochelle

Quel pays pour le sans-pays?
Avec l'impression (pénible) de n'arriver pas à formuler exactement la direction de sa quête: langues, pays, maisons, paysages aussi. Mais aussi bonzoms morts et vivants. Amicaux.
A chercher.

Puis.
Comment se nommer sans patrie alors que.
Ancêtre maçon mourant fusillé criant vive-la-république-sept-enfants, dit le procès-verbal des événements de 1852 à Vidauban.
Grands-parents de Marseille.
Arrière-grand mère suisse.
Un pays, donc. Plusieurs.

 La Rochelle

Et la question irritante des origines (voir Camille de Toledo).
Rayer ce mot de sa langue, la langue orpheline de l'heimatlos?
Origines n'est pas racines.
Voir ici Henri Michaux : on n'est pas des betteraves pour avoir des racines.
Racines mouvantes comme frontières de la patrie portative.
D'accord avec ça.
Mais origines bourdonnants zanzari.
Ceux dont parle Dante.
Ceux que la main chasse dans l'énervement de la piqûre.
Ceux au singulier,  origine avive la démangeaison.
Au pluriel active les sens. Dans tous les sens.

Mais l'arbre de mon père est resté à Rennes, en face de la table. De l'autre côté de la fenêtre, frontière de verre.
Celui d'ici, que j'aperçois dans le vent et la pluie, est bel et bien mort, tué par le voisin irascible.

Je ne barrerai pas d'un trait le mot origine. J'essaierai en accord avec bonzoms et heimatlos de le faire valser avec le vent et peut-être de le glisser dans la patrie portative. Au pluriel. De la même manière que le sexe est féminin dans le mot patrie, l'origine est celle du monde. On ne peut oublier ça. Et aussi, grâce au rappel de Jacques Josse, dans patrie, on peut (presque) loger paria. Patria/Paria.

Loger, inviter à habiter, à résider.
Donner asile, abri, maison.
Le livre est asile de mots?
On y revient encore. Dans le livre, le chiffre 5.
S'il vit (le livre), il portera le titre féminin de Patrie portative et comme sous-titre, asile(masculin) pour le sans patrie.
pin à La Rochelle

Mais le chemin blanc commence à peine. Poussière, vent et pluie.
A suivre.

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