Sylvie Durbec,
En résidence à la Maison de la Poésie de Rennes

mercredi 24 octobre 2012

Quand je me quinze à vous le dire...

"Le nombre des machines à tuer le temps a tellement augmenté qu'on n'a plus le loisir d'ouvrir un livre..."écrivait M. Grasset dans les années 30.


Lexique menteur. Inflation/déflation. Marée haute/marée basse: la mer. Toujours recommencée.



La mer est arrivée dans le canal quartier St Martin
sans crier autrement
que dans le vol des mouettes énervées
et tout de suite
depuis le jardin
on entendait le lointain.
Alors j'ai démarré l'auto
pour aller à St Malo.

Avant moi, à Beauséjour,
 il y  a eu quatorze poètes.
Je suis donc le numéro quinze.
Je me quinze à vous le dire.

apatride
étranger
sans patrie
SANS
heimatlos
quincaillerie de patrie
aéroports de papier
patries portatives
SANS

devenir piéton de l'air
après jésus marchant
sur la mer

rester modeste
ne pas en faire trop
écouter sa mère

j'ai vu le mont Dol
le menhir du Champ Dolent
et Dol de Bretagne

que faire de toute cette douleur
doulou doulou disait daudet
qui pleurait son malheur
lui restait plus qu'à prier


ALMA MATER
TERRAE REGINA
REGINA MARIS
MARIS STELLA
STELLA COELI

AVE MARE NOSTRUM
ne pas oublier de dire merci

voilà j'écris en latin à cause que je connais pas le breton et que je veux écrire hic et nunc ici et maintenant en haut de la page du livre en breton que je vais écrire ici et maintenant et qui va m'aider je lui dis d'avance MERCI  je l'ai vu ce mot écrit dans la petite chapelle du Verger toute remplie d'ex votos et de mercis comme celui qui remerciait en écrivant Bonne mère comme à l'adresse de la Notre Dame de la Garde à Marseille et il y a avait de grands mercis et de plus petits sans doute selon qu'on était riche ou pas et qu'on pouvait payer cher la plaque de marbre où graver en doré les cinq lettres M E R C I

c'était mon voyage en solitaire de Combourg à Cancale jusqu'à la pointe du Groin aujourd'hui dans le bleu gris de la mer bretonne et pour mieux vous faire sentir l'air salin je ne mets pas de ponctuation à ma prose c'est comme ça qu'on devient breton avec un peu de patience et de beurre salé sûr je vais y arriver



 


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